Ce jour de Solleal 설날, elle est venue me consoler par son invitation à danser

Aujourd’hui, 22 janvier 2023, c’est Solleal 설날, jour de fête en Corée, c’est la célébration du nouvel an lunaire. Lors de ce jour spécial, les familles se réunissent, préparent de bons repas et organisent des petites cérémonies en honneur et en mémoire de leurs ancêtres.

Là où j’habite en France, je n’ai pas l’occasion de me relier à ce mouvement, à cette dynamique collective. Je me rappelle à la douleur de ma blessure d’exil, d’éloignement, d’isolement de ma culture d’origine.

Dans les médias, il est question de « nouvel an chinois ». Très peu évoquent la dimension multiculturelle de célébration du cycle lunaire. Pourtant cette célébration existe aussi dans d’autres pays d’Asie, en Mongolie, au Vietnam, au Tibet et en Corée. Observer ce phénomène sino-centré ajoute une couche à mon sentiment de solitude amplifié par ce phénomène médiatique.

Ce soir là, je me traîne. Je n’ai qu’une envie c’est de rentrer et me terrer chez moi. C’est sans compter sur le fait que Brigitte* m’interpelle à l’ouverture du festival « Ecologis sur Terre ». Elle me dit qu’elle a elle-même été sollicitée par une femme à propos de la situation du peuple iranien et de sa volonté de se relier à lui par la danse. Brigitte a pensé à moi car elle sait que j’anime un atelier régulier de danse-tournoiement avec des femmes depuis près d’un an.

Un peu sur la réserve, plombée par ma déprime, j’accepte de rencontrer cette femme. Elle s’appelle Nathalie. Elle me raconte qu’elle a vu la veille un concert en hommage au peuple iranien et que la danse tournante des femmes l’a beaucoup touché pour son aspect créatif, pour l’ode à la liberté d’exister et de s’exprimer qui s’en dégageait.

Petit à petit je me laisse émouvoir par sa sincérité, son élan d’être reliée à ce mouvement. Elle me demande si je peux ouvrir le bal folk qui a lieu une heure plus tard avec une guidance pour celles et ceux qui veulent se relier en solidarité au peuple iranien dans une danse tournante.

Je sens mon état. Je suis avec un mélange de fatigue, d’élan du cœur, et aussi mon envie de ne pas porter seule cette guidance. Je m’assure que Nathalie sera bien présente. Elle me confie qu’elle est timide. Sophie arrive à ce moment, et nous dit qu’elle est d’accord pour prendre la parole et porter le message auprès du public. Les musiciens sont enthousiastes. Un petit cercle prend forme et prépare le grand.

Je pars tout de même me reposer pour mieux revenir une heure plus tard. Je n’ai pas le temps de me poser des questions, juste me ressourcer pour être bien présente à l’invitation de Nathalie.

Le lancement du bal folk arrive plus tôt que prévu, notre petit cercle était dispersé à ce moment là, je me suis retrouvée à prendre la parole, rejointe ensuite par Nathalie et Sophie.

Après avoir donné quelques repères à l’assemblée pour danser en tournant le temps d’une musique, je m’abandonne au moment en tournant.

Plénitude, célébration, lâcher-prise dans le mouvement…

Merci Nathalie, ainsi la joie est apparue au milieu de la nuit, signant mon début de nouvelle année lunaire avec cette signature « danser au cœur de la peine ».

Gabrielle Soo-ah

//*Autofiction

//Photos extraites du concert « Femme, vie, liberté »

//Le replay du concert « Femme, vie, liberté » est disponible sur France.tv


*Une autofiction est croisement entre un récit réel de la vie de l’auteur et un récit fictif explorant une expérience vécue par celui-ci.

** Gaïyun dada et cie porte un projet artistique et culturel de danse-tournoiement auprès de femmes depuis avril 2022 « Ici ma Terre m’effleure »

Infos sur Solleal (Source Korean coffee break)

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